La médiation numérique en circuit court, ça vous parle ?

Ces dernières années, des dispositifs majeurs ont été impulsés par l’Etat pour outiller la médiation numérique. Ces dispositifs sont essentiels, mais ne peuvent fonctionner qu’à la condition suivante : que les acteurs s’en emparent et qu’il y ait une vraie animation au niveau local.

Au-delà des intentions, comment concrètement créer des dynamiques locales et favoriser l’échange de compétences entre les acteurs ?

Depuis quelques mois chez les Assembleurs, une petite idée nous trotte dans la tête : la médiation numérique en circuit court.

Qu’est-ce que ça veut dire et comment lancer la démarche ? Je vous en parle dans cet article.

Un immense besoin de formation

En 2021, les Assembleurs ont eu l’opportunité de prendre en charge la formation des aidants professionnels (Agents France Services, agents de collectivités, travailleurs sociaux…) à l’outil Aidants Connect ainsi que la coordination des formations Conseillers Numériques France Services, deux dispositifs majeurs du plan France Relance.

Ces marchés de formation nous ont permis de poser deux constats :

• Les aidants professionnels, maillons essentiels de la chaîne de la médiation numérique sur un territoire, sont aujourd’hui en général #1 encore trop peu formés aux enjeux du numérique et #2 trop peu intégrés aux écosystèmes locaux d’inclusion numérique. Ce premier constat a été renforcé par les premières expérimentations Pix Territoires auprès de 1300 agents de collectivités : 2⁄3 des participants n’ont pas le bagage suffisant pour être en maîtrise sur l’ensemble des situations professionnelles pouvant être vécues et 1⁄4 des participants sont en grande difficulté*. Il est urgent de former ces aidants professionnels à la fois aux questions de culture numérique et aux outils de repérage et d’orientation des publics en situation d’illectronisme.
• Les Conseillers Numériques France Services ont suivi une formation et sont opérationnels mais ils ne sont aujourd’hui pas assez armés face à la complexité de leurs missions, et ont encore besoin de monter en compétences.

Une réponse évidente arrive : il faut former plus ! Mais la formation coûte de l’argent et du temps, et vu le volume global, on n’arrivera pas à former tout le monde en restant uniquement dans les schémas classiques.

C’est là que nous avons envisagé une solution alternative : la formation en pair à pair. Et si on proposait aux médiateurs de former d’autres professionnels (médiateurs, aidants…) autour d’eux sur les sujets qu’ils maîtrisent le mieux ? Après tout, ce sont sûrement des futurs partenaires pour des projets locaux !

Le cercle vertueux de la formation en pair à pair

On entre alors dans le cercle vertueux de la formation pair à pair. Nous y voyons un intérêt triple pour les opérateurs de médiation :

• valoriser les compétences des médiateurs (sur ce volet, nous avons la question des open badges qui arrive en arrière-plan),
• accompagner la montée en compétences de ces médiateurs,
• renforcer le modèle économique des opérateurs de médiation. En effet, qui dit formation d’agents dit revenu potentiel, et donc nouvelle source de financement.

Tout en permettant la montée en compétences des opérateurs de médiation, la formation pair à pair répond au besoin de formation des aidants professionnels. Elle répond également à une logique de circuit court : les gens qui vont former les agents sont les médiateurs du territoire.

Conclusion : on crée de la valeur sur le territoire, on contribue au maillage territorial, et on génère une nouvelle activité pour les opérateurs de médiation.

Allons même plus loin : pourquoi les médiateurs ne formeraient-ils pas également les collaborateurs des entreprises privées aux sujets numériques ? C’est une question qui nous occupera très bientôt chez les Assembleurs.

Utiliser les financements européens pour créer de la valeur sur nos territoires

Une fois ces éléments posés, comment créer les conditions de cette médiation numérique en circuit court ?

Chez les Assembleurs, c’est dans cette optique que nous lançons notre Fabrique à Communs Pédagogiques, financée dans le cadre du FEDER React-EU. La Fabrique à Communs Pédagogiques, c’est un ensemble de personnes au sein des Assembleurs et d’une communauté de médiateurs numériques contributeurs qui créent des contenus pédagogiques ouverts afin d’accompagner la montée en compétences des aidants professionnelssur le sujet de la transition numérique inclusive des territoires : culture numérique, inclusion numérique, enjeux sociétaux, éthiques et écologiques du numérique, accueil et orientation d’un public en situation d’illectronisme (pour les curieux, nos premiers contenus pédagogiques sont rassemblés ici).

L’idée est de mettre les médiateurs en capacité de sensibiliser localement les acteurs de l’inclusion numérique autour d’eux.

Notre approche est donc la suivante : utiliser l’argent public, les financements européens, pour créer des communs qui permettent de structurer l’écosystème de la médiation numérique et d’en accompagner la montée en compétences.

Concrètement, 3 chantiers nous attendent sur ce sujet à la rentrée

1. Utiliser les financements publics pour créer des communs pédagogiques.
2. Trouver des territoires d’expérimentation pour déployer des formations en circuit court. Si ça vous intéresse, faites-nous signe : fabriqueacommuns@assembleurs.co
3. Se rapprocher des acteurs privés pour creuser leurs besoins en médiation numérique.

Voilà donc résumée l’une de nos préoccupations du moment, qui illustre bien notre vision : la montée en puissance de la médiation numérique ne se fera que collectivement, avec des communautés d’acteurs qui avancent ensemble. Afin de concrétiser cette vision, les Assembleurs viennent de se transformer en Société Coopérative d’Intérêt Collectif, le format parfait pour faire communauté au service d’une société numérique plus inclusive.

On espère pouvoir échanger très vite sur l’avenir et le financement de la médiation numérique, peut-être à NEC les 28 et 29 septembre à Lens, peut-être en commentaires sur ce réseau. Merci pour votre lecture et hâte d’échanger sur vos visions !

*Source étude Pix Territoires