Entreprises : quel impact de l’inclusion numérique sur votre business ?

16/03/2023

A l'occasion de la Semaine du numérique qui démarre lundi, Eglantine Dewitte et Pierre Verlyck évoquent dans un article publié sur LinkedIn les enjeux de l'inclusion numérique pour les entreprises.

Auteurs : Eglantine Dewitte, Directrice générale, Les Assembleurs, & Pierre Verlyck, Directeur général, POP School

Aujourd’hui, quand on parle d’inclusion numérique en entreprises, il s’agit souvent d’aborder les sujets mécénat, RSE, impact social : au sens large, on parle d’ailleurs de plus en plus de responsabilité numérique des entreprises. Pourtant, deux angles de vue complémentaires sont à considérer :

  • et si agir pour un numérique inclusif était le levier à activer par les entreprises pour trouver leurs futurs talents et répondre à leurs besoins de recrutement ?
  • quel est l’impact socio-économique de l’illectronisme sur les entreprises et en quoi auraient-elles intérêt à agir sur le sujet ?

Recrutement : passer du prisme métier au prisme compétences

Premier intérêt à agir : diversifier les profils recrutés et répondre aux enjeux de recrutement. Chaque année en France, 80 000 emplois sont non pourvus dans le numérique. Face à ce constat, quelle est la marge de manœuvre des entreprises et comment changer sa manière de recruter en tant qu’entreprise ?

Qui dit nouvelles compétences dit nouveaux profils. De nombreuses formations inclusives permettent à toutes et tous de se former à des métiers d’avenir : les femmes, largement sous-représentées dans les métiers du numérique, les habitants des Quartiers Prioritaires de la Ville ou encore les jeunes NEET (ni en emploi et ni en formation) font partie de ces nouveaux talents formés au numérique. Pourquoi ainsi se priver de certains talents ayant acquis des compétences tant techniques que comportementales ?

Une question demeure : comment aller chercher ces talents ? Par un ancrage territorial fort. Aller chercher les talents là où ils sont pour reterritorialiser la formation et répondre aux besoins des entreprises, voilà le défi qu’il nous faut relever collectivement chaque jour pour répondre à ce défi économique et social.

Par ailleurs, il est aujourd’hui généralement acquis que les diplômes ne sont pas les seuls indicateurs d'efficacité d’un·e collaborateur·ice sur un poste. Il est bien souvent plus judicieux de regarder les compétences de l'individu, qui lui viennent en partie de son diplôme mais aussi de sa personnalité, ses valeurs, ses centres d'intérêts, ses appétences, ses expériences professionnelles précédentes, etc.

Adopter une politique de recrutement orientée sur les compétences et pas seulement sur les diplômes, c’est aussi l’idée de développer une politique RH en faveur de la diversité. Car oui, nous le savons aujourd’hui, le diplôme et les grandes écoles sont l’apanage de certaines catégories socioprofessionnelles, et c’est aussi vrai dans le monde de la tech, qui demeure un monde très masculin où la diversité femmes-hommes reste un défi majeur.

Former vos collaborateurs : une démarche plus que jamais nécessaire

La transition numérique traverse aujourd’hui tous les pans de la société et tous les secteurs d’activité et il est parfois peu aisé de s’adapter en permanence à ces évolutions. Dans ce contexte, il est plus que nécessaire pour les entreprises de former et d’accompagner leurs collaborateurs dans la prise en main des nouveaux outils numériques.

Former des collaborateurs a un coût mais il existe aujourd’hui de nombreux dispositifs permettant aux entreprises d’être accompagnées dans le financement de leur démarche de formation.

Mais avant de penser coût de formation, allons plus loin dans la réflexion et interrogeons-nous : sans même parler de compétences tech, les entreprises accordent-elles suffisamment d’importance au sujet de l’illectronisme de leurs collaborateurs ?

Illectronisme de vos collaborateurs : quel impact socio-économique au sein de votre entreprise ?

L’illectronisme, illettrisme numérique ou encore illettrisme électronique, est la difficulté, voire l'incapacité, que rencontre un individu quant à l’utilisation des outils numériques et informatiques.

Au sein des entreprises, de très nombreux collaborateurs se sentent en difficulté avec le numérique, ses outils et ses usages. Une mauvaise maîtrise des outils numériques peut coûter cher à l’entreprise, ne serait-ce qu’en termes de sécurité informatique : même avec les outils les plus sécurisés du monde, tout reste une question d’usages et de culture numérique et l’humain est un élément clé de la résilience des systèmes d’information.

D’autre part, il est important de ne pas oublier la dimension sociale qui elle aussi coûte aux entreprises. Un manque de compétence voire une non maîtrise totale des outils numériques pose non seulement des enjeux de productivité mais génère également du stress et de la perte de motivation, qui peuvent contribuer à la mise en place d’arrêts de travail voire à des situations de burn-out.

Comment mesurer ces difficultés ? Quel taux d’illectronisme au sein de votre entreprise ? Quel impact cela peut-il avoir sur le business ? Tandis que des diagnostics sont aujourd’hui menés sur l'illettrisme en entreprise, il est urgent de pouvoir également mesurer l’illectronisme au sein des organisations. Un premier outil existe et permet de faire un premier pas : PIX, qui permet de mesurer le niveau de maîtrise du numérique et de détecter des poches de grandes difficultés.

Enfin, dernier questionnement qu’il faut garder à l’esprit lorsque l’on parle de numérique : la dématérialisation fait-elle perdre ou gagner des clients ?

En dématérialisant, avez-vous pensé à l’illectronisme de vos clients ?

Il est généralement admis que “lorsqu’on dématérialise, on fait des économies”. Mais est-ce que la dématérialisation des process des entreprises leur fait gagner ou perdre des clients ? Quelles sont les typologies des clients gagnés ou perdus ? Cette variable est-elle bien intégrée dans les réflexions stratégiques ?

Aujourd’hui, environ 20% de la population française est en situation d’illectronisme : ces personnes ne maîtrisent pas les compétences numériques de base. Si l’on applique ce chiffre à une clientèle générique, un client sur 5 ne serait pas en mesure d’utiliser les outils numériques. Comment garder ce type de clients ? Comment les accompagner pour les fidéliser ?

La première question à se poser est la suivante : comment créer des sites et applications qui répondent aux besoins de ce type de population ? Une seconde question arrive très vite : comment les entreprises peuvent-elles participer à l’accompagnement de leurs clients afin qu’ils prennent en main leurs outils ?

Les entreprises ont un rôle clé à jouer pour relever ce défi, qui n’est pas uniquement un sujet de politiques publiques. Dans les territoires, de nombreux acteurs font vivre l’écosystème de l’inclusion numérique. En participant activement à cet écosystème et en se saisissant de ces sujets, les entreprises seront plus à l’écoute de leurs clients et de leurs marchés, tout en participant à l’effort national en faveur d’un numérique accessible à toutes et à tous.

Inclusion numérique, tous concernés !

En conclusion, il nous semble crucial de retenir quelques points clés qui doivent alimenter la réflexion de toute entreprise :

  • 80 000 emplois sont non pourvus dans le numérique chaque année, la filière fait face à une pénurie de talents. Pourtant, les talents existent, pourquoi s’en priver ?
  • La formation des collaborateurs est un sujet majeur, tant en termes de maintien et d’évolution dans l’emploi que de compétences numériques de base : pourquoi ne pas envisager de mesurer le taux d’illectronisme dans son entreprise ?
  • Aujourd’hui, 20% de la population française est en situation d’illectronisme : cela représente 1 client sur 5 pour votre entreprise. Quel impact sur le business ?

In fine, c’est bien par la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs, entreprises, associations, pouvoirs publics et citoyens, que nous pourrons faire du numérique une chance et une réalité pour toutes et tous.